Vincent Bénéfice, carreleur de l’entreprise Carrelages VB installée dans la région lyonnaise, a remporté le concours des Meilleurs Artisans de France dans la catégorie carrelage. Il nous livre ses impressions sur cet événement, organisé par RMC et Worldskills France, qui porte les participants à se dépasser.
Le concours avait lieu cette année sur le salon de Batimat, organisé Porte de Versailles à Paris. Il s’est tenu du 30 septembre au 1er octobre. Les candidats sont venus avec leur matériel. Une scie à eau leur était prêtée par Raimondi, partenaire de l’événement. « Puisque l’épreuve se déroulait sur le salon Batimat en intérieur, il fallait éviter de faire trop de poussière », développe le vainqueur de cette édition. Installé à son compte depuis 2021, cet artisan s’est passionné depuis son stage de troisième pour sa profession devenue pour lui une véritable vocation. C’est avec tout son enthousiasme et son savoir-faire qu’il est venu disputer cette épreuve.
Une présélection sur dossier
Si le Lyonnais connaissait vaguement l’existence du concours via un carreleur de sa région, il n’avait jamais envisagé d’y participer lui-même. « J’ai été approché via Instagram par l’une des organisatrices du concours. » Celle-ci repère son profil intéressant et lui soumet l’idée. « Je me suis dit : pourquoi pas ! J’ai tout à y gagner pour mon entreprise », raconte l’artisan. Il prépare donc son dossier de présélection. « J’ai envoyé quelques photos de mes plus beaux chantiers qui illustrent mes spécialités comme les grands formats ou encore les finitions biseautées collées. J’ai accompagné ces visuels d’un paragraphe explicatif qui détaille ma passion pour ce métier, ma motivation et mon intention de devenir le meilleur dans la pose XXL. Je leur ai expliqué aussi que je participais aux MAF pour me tirer vers le haut. » Un profil qui a attiré l’attention des organisateurs puisqu’il a été retenu parmi les cinq sélectionnés.
Une épreuve technique
Le sujet portait cette année sur la réalisation d’un vase en volume d’une hauteur d’1 mètre par 30 centimètres. Sur l’une des faces, devaient figurer les chiffres 2 et 4 et sur une autre, une médaille ronde de 22 cm de diamètre. Une épreuve difficile et très technique donc dans la mesure où ces découpes comprenaient de nombreux arrondis. « Il est très difficile de réaliser des découpes sur d’aussi petits bouts de carrelage, développe le vainqueur. De plus, découper le rond de la médaille sans disqueuse était particulièrement compliqué. D’autant que je n’avais pas touché une scie à eau depuis au moins 10 ans ! Heureusement, la qualité de l’outil mis à notre disposition a largement compensé cette lacune. » Les candidats devaient en outre respecter un plan de cotes précis.
Une épreuve mentale
Cette année, le concours s’est déroulé sur le salon de Batimat. Un environnement qui ajoutait au stress des candidats. « Le salon draine nécessairement beaucoup de monde qui reste scruter et photographier nos gestes », analyse le vainqueur. Cette intrusion peut vite devenir déstabilisante pour les participants déjà bien occupés à gérer leur temps. « Mais il ne faut jamais se laisser déstabiliser, affirme le vainqueur. Pour ma part, les membres du jury me donnaient perdant le lundi soir parce que je m’étais trompé dès le départ sur les choses les plus simples. J’ai passé une nuit blanche pour réfléchir et élaborer une stratégie pour gagner du temps. Le lendemain, je me suis mis dans ma bulle, casque fixé sur les oreilles. J’ai pour moi une grande faculté de concentration ». Au point de rattraper haut la main le retard de la veille et de déjouer les pronostics du jury. « Le dernier jour, j’ai tout réussi du premier coup. J’étais plongé dans mon monde et j’ai pu montrer ce que je sais faire de mieux ! » Cette dernière journée d’épreuve n’a pas été sans stress pour autant comme l’avoue le candidat : « Il me restait 2h20 pour coller le 2 et le 4 et réaliser mes joints. Je pensais être large ! Mais en réalité, j’ai mis beaucoup de temps à coller les deux chiffres. Planéité des supports, régularité des coupes, épaisseurs de joints de 2 mm… Tout devait être parfaitement exécuté. Je m’y suis tellement appliqué qu’il ne me restait plus que 15 petites minutes pour jointoyer. Dans le décompte des dernières secondes, j’étais encore en train de laver mon carrelage ! » Le compétiteur a pu compter sur une saine émulation collective et s’est laissé porter par l’encouragement du jury pour terminer, éreinté, à la seconde près.
Une victoire gratifiante
Deux sur cinq n’ont pas réussi à terminer la pose du carrelage. Sur les trois autres, deux seulement ont réussi à jointoyer. Un niveau élevé donc qui rend d’autant plus satisfait notre vainqueur lyonnais. « Les résultats ont été très serrés entre les deuxième et troisième qui avoisinaient les 74 points sur 100. J’en ai emporté 83 ! » Une belle victoire dont l’artisan n’est pas peu fier. « Cette expérience est totalement dingue ! Mais peu importe le résultat, je retiens surtout l’expérience : un jury au top qui connaît son métier parfaitement avec qui j’ai pu avoir de précieux échanges. »
Le chef d’entreprise espère bien que des retombées positives se répercuteront dans son activité professionnelle même si pour l’heure, il encore trop tôt pour en juger. « Décrocher de beaux chantiers demeure ma motivation, ajoute-t-il. Nous allons travailler notre communication en ce sens. Une carte de visite où figure une médaille d’or attire forcément davantage une clientèle en quête de minutie ! »
Un positionnement haut de gamme
L’artisan essaie autant que possible de se spécialiser sur le marché des formats XXL et à haute valeur ajoutée. « Je réalise des objets décoratifs comme des vasques, des vases et même un pot à brosse pour les w.-c. ! Le particulier ne soupçonne pas encore tout ce qu’on peut réaliser en céramique. J’essaie de plus en plus de me diversifier sur ce secteur de marché ainsi que sur les grands formats qui attirent finalement assez peu d’artisans pour l’instant. » Ce passionné travaille les grands et très grands formats et cherche constamment à progresser en sortant de sa zone de confort. « Vraiment, j’adore mon métier. Il me rend profondément heureux. Je fais ce que je sais faire de mieux. D’où une grande confiance en moi. J’ai conscience qu’il y a meilleur que moi. Mais je sais que je peux aussi y arriver ! »