Être à la fois carreleur et fabricant. Le parti pris singulier de l’équipe d’Eddy Sanchez ne manque pas d’interpeller architectes comme particuliers. Portrait de ce carreleur entrepreneur installé dans le Maine-et-Loire.
Eddy a commencé tôt son apprentissage du métier de carreleur. Mosaïste à ses heures, il s’intéresse depuis longtemps à d’autres matériaux. Ce carreleur et entrepreneur aime son métier et porte en lui le goût de l’innovation : « J’ai toujours eu un côté créatif et pas seulement dans le carrelage ! Avoir bricolé d’autres matériaux est d’ailleurs un de mes atouts aujourd’hui. » L’idée de fabriquer ses propres carreaux de ciment germe lorsqu’il rencontre un homme qui cherche à se séparer de son matériel de production. Une opportunité qu’il a su saisir d’emblée avec son associé Sébastien Vincent : « Quand on est carreleur, et passionnés comme nous, quelle fierté de produire ses propres carreaux ! J’ai par ailleurs trouvé en Sébastien un associé très complémentaire. » Ainsi, a vu le jour La Fabrique Cimauges, contraction de ciment et Mauges. « Clin d’oeil à notre commune, Bégrolles-en-Mauges, souligne l’intéressé. Nous souhaitions valoriser la fabrication locale. » Ce petit atelier se concentre principalement sur les marchés de niche.

Un carreleur proactif
L’entrepreneur est aussi un compétiteur accompli. Il a remporté la deuxième place du concours du Meilleur Carreleur, organisé par la marque Parexlanko du groupe Sika en 2019. Cette place sur le podium lui a offert l’opportunité de représenter la France lors de la finale internationale du groupe en 2023, organisée en Chine et où il est arrivé à la troisième place du podium. « Cette occasion permet de mesurer son savoir-faire. Les résultats du premier concours se sont joués à un cheveu. Les finales internationales, qui célébraient leurs 10 ans, m’ont aussi apporté une super expérience. Même si je regrette de ne pas avoir pu échanger davantage avec les autres candidats en raison de la barrière de la langue. » Les retours professionnels ont été très positifs pour lui. Les architectes lui font davantage confiance. « Un engouement pérenne s’est créé et a généré beaucoup de reconnaissance. Cela ouvre les portes de nouveaux chantiers. » Un entrepreneur investi Il a co-fondé son entreprise Création & Carrelage en 2017 avec Sébastien Vincent. Sa clientèle se compose pour l’essentiel de particuliers, avec une proportion importante de projets de rénovation. Les chefs d’entreprise entendent se positionner sur des marchés ciblés. « Nous travaillons avec un artisan pour les salles de bains haut de gamme, précise Eddy. Nous avons aussi développé une clientèle composée d’architectes spécialisés dans la restauration. Ce marché est davantage technique tout en ayant des exigences esthétiques élevées. » Ce qui a fait évoluer l’entreprise vers de la pose de carreaux plus atypiques, comme la briquette et le parement en claustra. D’autre part, Eddy réalise de la mosaïque. « Cette typologie est en pleine expansion, souligne ce touche-à-tout. On fait aussi bien de la pose de carrelage, de la conception de tablettes ou de la faïence que de l’incrustation de carreaux. »
Une offre sur mesure
L’entreprise fabrique ses propres carreaux de ciment depuis septembre 2022. « Être à la fois fabricants et poseurs est une force parce qu’on connaît tous les aspects techniques. Maîtriser toutes les étapes de fabrication est par ailleurs super intéressant ! » L’atelier dispose de plus d’une quarantaine de motifs sertis dans des cadres. Des moules sont aussi imprimés à la demande en 3D. « Ce service est un atout notamment pour la restauration de sols anciens. Même si nous n’obtenons jamais exactement les mêmes couleurs ni la même patine, cela permet de conserver au moins le motif d’origine et de s’en rapprocher au maximum. »

Une petite production
La Fabrique Cimauges demeure à taille humaine. Une seule personne se charge de la fabrication. « Notre capacité de production s’élève ainsi à environ 40 carreaux par jour selon le motif, soit près de 8 m² par semaine. L’étape de production s’avère très chronophage. De nombreuses couleurs peuvent composer le motif, et plus il est complexe, plus le prix de revient du carreau est élevé. » L’atelier réalise ainsi beaucoup de sur-mesure. L’entreprise cherche désormais surtout à fidéliser sa clientèle et participe aux salons de l’habitat régionaux. Elle souhaite aussi se positionner davantage sur le marché de la crédence de cuisine. « On travaille également avec un fabricant de poêles. Nous cherchons ainsi à développer de petits marchés de niche. De plus, nous sommes en lien avec la CAPEB qui nous ouvre les chantiers des bâtiments historiques. » L’entreprise tisse ainsi petit à petit sa toile. « Le but est que tout le monde puisse nous contacter partout en France. » Elle est en ce sens présente sur les réseaux sociaux.
R.V.
